Alors que les marchés financiers évoluent dans un environnement incertain, trois dynamiques majeures semblent guider les investisseurs en ce début d’année 2025 : le rattrapage des actions européennes, la relance budgétaire en Allemagne et la pression sur les taux obligataires. Décryptage de ces tendances et de leurs implications pour les portefeuilles d’investissement.
- Les actions européennes regagnent du terrain
Depuis plusieurs années, les marchés actions américains ont largement surperformé leurs homologues européens. Cependant, un retournement de tendance semble se dessiner. D’après une enquête menée par Bank of America, 89 % des investisseurs américains considèrent leur marché comme surévalué, tandis que 35 % estiment que les actions internationales seront le meilleur placement en 2025. Cette perception alimente une réallocation progressive des capitaux vers l’Europe, profitant particulièrement à deux secteurs clés :
• Le secteur bancaire, qui conserve des valorisations attractives et offre des rendements solides. Les grandes banques européennes affichent des performances remarquables depuis le début de l’année, avec BNP Paribas en hausse de 20 % et Société Générale de 40 % en YTD.
• L’industrie de la défense, soutenue par l’augmentation des budgets militaires annoncée lors du sommet de l’OTAN à l’Élysée, qui stimule la demande pour les valeurs du secteur. - Relance budgétaire et soutien aux marchés
L’Allemagne, souvent perçue comme le moteur économique de la zone euro, joue un rôle central dans la dynamique actuelle des marchés européens. Les élections régionales du 23 février pourraient voir la victoire des conservateurs avec un programme orienté vers une politique de relance économique et de soutien aux marchés financiers. Parmi les mesures envisagées :
• Une réduction des impôts, favorable aux entreprises et aux consommateurs.
• Un assouplissement des règles budgétaires, permettant d’accroître les investissements publics.
Cette perspective a déjà commencé à influencer les marchés, avec un rebond notable des valeurs allemandes, appuyé par une nette amélioration des indicateurs économiques. L’indice Zew, qui mesure le sentiment des investisseurs sur les perspectives économiques en Allemagne, a ainsi montré une progression significative. - Pression persistante sur les taux obligataires
Si la relance budgétaire apporte un souffle positif aux marchés actions, elle exerce également une pression sur les taux obligataires. L’augmentation des déficits budgétaires implique en effet une hausse des besoins de financement des États, ce qui pousse les rendements obligataires à la hausse.
• Le taux du Bund allemand à 10 ans oscille actuellement autour de 2,50 %.
• Son équivalent français, l’OAT 10 ans, atteint environ 3,15 %.
Cette tendance pourrait se poursuivre à court terme, en fonction des décisions des banques centrales et de l’évolution des perspectives de croissance et d’inflation.
Un climat géopolitique en quête de stabilité
Enfin, au-delà des dynamiques économiques et financières, les investisseurs restent attentifs aux évolutions géopolitiques. Les récentes discussions entre les États-Unis et la Russie, bien que sans avancée concrète, témoignent d’une reconnaissance tacite du rôle de la Russie sur la scène internationale. Les marchés y voient un signal positif, anticipant une possible détente des tensions globales. Un apaisement pourrait avoir des répercussions favorables sur l’inflation, notamment via une baisse des prix des matières premières.
Conclusion
L’année 2025 débute sous le signe d’un rééquilibrage des flux d’investissement en faveur de l’Europe, soutenu par des valorisations attractives, une politique budgétaire plus souple et une conjoncture économique en amélioration. Cependant, la pression sur les taux obligataires et les incertitudes géopolitiques restent des facteurs clés à surveiller. Dans ce contexte, une allocation diversifiée et une vigilance accrue s’imposent pour tirer parti des opportunités de marché tout en maîtrisant les risques.
Rédaction : Romario GJIKA et Jan de CONINCK